Le concept du café deuil a démarré en Suisse, puis a essaimé jusqu’à Los Angeles, Bruxelles, Québec, Londres et Berlin. Il est alors connu sous l’appellation de « Death Cafés » et traduit dans les pays francophones en « cafés mortels » ! ; il a été repris en France, à Paris, puis dans les grandes villes métropoles, sous la forme de « café deuil ».
Le principe consiste à proposer un temps convivial de rencontres, dans un lieu public (un café) ouvert à tous, visant à réunir des personnes vivant un deuil, désireuses de se retrouver avec d’autres personnes pour un partage d’expériences.
Le concept du café deuil ne chercherait-il pas à renouer sous une forme actualisée avec les rituels d’autrefois où l’on se retrouvait, après la sépulture, pour évoquer la mémoire de la personne disparue autour d’un repas de funérailles, d’un temps festif !
Le principe de fonctionnement repose sur la participation libre et respectueuse de chacun, sur le principe de gratuité de l’événement bien que soumis à l’obligation de consommation d’une boisson (chaude ou/et froide) à la charge de chaque participant.
Nous vivons dans une société où les sujets tabous comme la fin de vie, la mort, le deuil ne s’évoquent bien souvent que dans des lieux dédiés et fermés comme des associations, des groupes de parole ou entre amis.
Nous savons aussi qu’il est difficile de franchir la porte d’une association ou de rencontrer un spécialiste de l’écoute (psys …) lorsque nous y sommes confrontés.
On se dit : « je ne veux pas en parler », « pourquoi en parler, ça ne va pas changer les choses ! ».
Et pourtant, le besoin d’en parler est là !
Et ne pas en parler est une douleur !
Et puis, on apprend, par hasard, qu’un café deuil démarre proche de chez soi.
Ça interpelle ! Un « café deuil » : quelle idée !! Pour quoi faire ? On n’imagine à peine répondre à l’invitation d’un ami : « excuse moi ce soir, je ne peux pas venir, j’ai mon café deuil !!! »
Alors comment interpréter tout l’intérêt que chacun porte à l’annonce d’un café deuil !
Le « café deuil » est un concept venu de l’étranger ; il fait son chemin en France et devient maintenant presque populaire.
Le café deuil permet de se retrouver dans un lieu public, pour s’échapper un instant, le temps de se poser, d’oser parler ou d’écouter parler du deuil, qu’il s’agisse de la mort d’un proche, ou de toute autre perte douloureuse, séparation, maladie ; les situations de chômage, de déménagement, de mort d’un animal, de départ en retraite sont aussi des renoncements et des pertes qui renvoient au même cheminement intérieur que le vécu de la mort d’un proche.
Le café deuil, c’est le temps des témoignages personnels à « bâtons rompus ».
Il n’y a pas de thème imposé : le moment se forme à partir de ce qui émerge : autant de règles à suivre pour que la parole sur la mort se libère des discours exclusivement thérapeutique ou institutionnels.
Ce n’est pas une démarche thérapeutique mais simplement un lieu pour se retrouver, pour sortir du silence, pour « lâcher ce qu’on a sur le cœur » … Échanger des pleurs, des rires, mettre des mots sur des émotions, ça fait du bien !!
L’idée de le réaliser dans un café est délibéré : c’est un lieu public, ouvert à tous, qui suit le principe du bistrot, à savoir, un lieu où l’on entre et sort à sa guise, un lieu où l’on boit et mange tout en lâchant des choses essentielles, un lieu où on est obligé(es) à rien et où on peut tout se dire.
Certains veulent parler de la mort d’un proche, d’autres de leur propre mort. Il y a ceux qui ont frôlé la mort et d’autres qui en sont revenus. Il y a ceux qui en ont peur et ceux qui n’en n’ont parlé à personne… Il a ceux qui ne comprennent pas que la perte d’un emploi, d’un déménagement subi les rend si mal ..
Il y a aussi ceux qui ne peuvent en parler et qui viennent pour se sentir moins seul (es) et y chercher du réconfort !
Ce qui surprend lors de ces rencontres, c’est qu’elles sont loin d’être funèbres.
Aborder le thème de la mort et de la perte revient finalement à parler de la vie et de notre attachement à la vie.